Jour 234 : ARAB STRAP, Girls of Summer (version 1999)
Il y a quelques mois, je proposai à François Matton, Thibault Balahy, Franck Chambrun et Youri Gralak d'écouter la version live de Girls of Summer d'Arab Strap, présente sur l'album Mad For Sadness (1999), et de restituer par la peinture ou le dessin les images mentales suscitées par ce morceau de bravoure, à mes « yeux » le sommet des dix années d'existence (1996-2006) du duo écossais. François a décliné la proposition, arguant que la correspondance musique-image n'opérait pas dans son cas. Je le précise, non pour le placer en porte-à-faux, mais parce que son point de vue (ou absence volontaire de point de vue, ici) me semble avoir toute légitimité. D'autant qu'un arab strap est un instrument visant à empêcher la concrétisation physique du désir masculin.
Tous nos plasticiens ont perçu la forte contention qui se trouve au principe de cette musique, et aussi, par elle, la mutation du désir vers un état qui n'a pas de nom. Une douleur muette traverse toute la chanson, cependant tempérée par la satisfaction de dépasser le cycle "sujétion, délivrance et rechute" analysé par W. Burroughs. Réfugiée dans une infra-zone, la pensée parvient à une sorte de stase. La lumière du jour, parfois très vive, semble vue au travers d'une vitre. Je suis heureux de retrouver cette sensation de transparence dans les deux dessins de Thibault. Et plus heureux encore de constater que, mis dans un certain ordre (Franck / Youri / Thibault / Thibault / Franck), les visuels de nos amis restituaient parfaitement les phases successives du morceau. Voici donc, dans la quête descriptive qui est la nôtre ici à On a Good Day, un peu de théorie de la pop.
Sylvain